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Beate Rudolf, director of the German Institute for Human Rights

La lutte mondiale des femmes pour l’autodétermination – interview avec Beate Rudolf, Directrice de l’Institut allemand des droits humains. 

Interview: Helen Sibum , 05.03.2023
Protestation en Iran en janvier 2023
Protestation en Iran en janvier 2023 © picture alliance / NurPhoto

Madame Rudolf, récemment les femmes dans les conflits sont devenues plus visibles – est-ce aussi votre impression ?
Oui, c’est valable par exemple pour l’Iran, où les femmes ont initié et portent la résistance contre l’oppression. Les hommes se sont ralliés à cette protestation – ce qui montre bien qu’il est question en substance des droits humains. « Les femmes, la vie, la liberté » : cet appel souvent scandé lors des manifestations signifie tout simplement qu’il ne doit pas y avoir de discrimination sexiste ni de meurtres arbitraires et que les personnes souhaitent pouvoir déterminer elles-mêmes leur vie.  

Beate Rudolf, Directrice de l’Institut allemand des droits humains
Beate Rudolf, Directrice de l’Institut allemand des droits humains © Anke Illing

Où y a-t-il d’autres exemples ?
La situation est similaire en Biélorussie. Les femmes ont fait avancer les protestations massives, elles en ont pris la tête lorsque leurs maris ont été jetés en prison. Pour cela, elles sont poursuivies, emprisonnées de manière arbitraire, menacées et maltraitées. En Biélorussie aussi il est question de quelque chose qui concerne l’ensemble de la société : l’autodétermination et l’application des résultats des élections présidentielles.  

Dans ce contexte, comment l’Allemagne s’engage-t-elle pour les droits des femmes et quel rôle joue ici la politique étrangère féministe ?
Dans la politique étrangère féministe, il est essentiellement question de pratique une politique des droits humains qui considère aussi et surtout les femmes. Cela comprend la répression des violences sexuelles pendant les conflits, mais aussi après les conflits. Pour les femmes, les conflits ne se terminent pas avec l’accord de paix. La violence est toujours présente dans la société, car la violence est devenue « nomale » pour les hommes qui ont combattu. C’est pourquoi les négociations de paix et les programmes de reconstructions doivent se concentrer particulièrement sur les femmes. Ce n’est possible qu’avec une participation égale.  

L’avenir a besoin des femmes !
Beate Rudolf, Directrice de l’Institut des droits humains

La nouvelle stratégie pour l’Afrique de l’Allemagne prévoit aussi une politique de développement féministe. Concernant les femmes, la politique étrangère et la politique de développement doivent-elles être encore plus étroitement imbriquées ?
Oui, car la transition entre une société post-conflit et une société pacifiée dans laquelle une coopération de développement est toujours nécessaire est lente. Ici, les femmes doivent être prises en considération en tant qu’actrices indispensables, cela vaut aussi pour les domaines de l’économie et des droits humains, pour la politique commerciale, pour la politique climatique. Nous savons que, quand elles agissent, les femmes tiennent bien plus compte de leur environnement que d’elles-mêmes. Quand il est question de solutions solides dans la coopération de développement, les femmes sont des alliées importantes. L’avenir a besoin des femmes ! 

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Comment les femmes peuvent-elles être intégrées ?
Les femmes doivent être renforcées dans le cadre de l’organisation de leur société – que ce soit au niveau local ou au niveau de l’ensemble du pays – elles doivent pouvoir participer et apporter leurs perspectives. Le droit de travailler des femmes doit être mis au premier plan, car c’est seulement en se créant leurs propres moyens de subsistance que les femmes peuvent décider de leur vie. L’éducation est aussi importante. Elle contribue à ce que les femmes soient actives du point de vue économique et puissent mieux soutenir leurs enfants. Il existe donc de nombreuses bonnes raisons de mettre les femmes au centre de la politique de développement ainsi que de la résolution des conflits.  

Pour finir, intéressons-nous à l’Allemagne : dans l’Institut des droits humains, un office indépendant a été créé en 2022 pour la création de rapports sur les violences sexistes. Quel est le contexte ?
Depuis 2018, la Convention du Conseil de l'Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l'égard des femmes et la violence domestique, la Convention d’Istanbul, s’applique aussi en Allemagne. Elle oblige l’État à lutter contre les violences faites aux femmes ainsi qu’à protéger et soutenir les victimes. L’office de rapport a pour but de créer une base de données large et solide pour mieux comprendre le phénomène des violences sexistes et pouvoir surveiller l’application de la Convention. Il est ici également question de savoir dans quelle mesure des groupes individuels sont particulièrement touchés par les violences sexistes, à savoir par exemple les femmes présentant des handicaps, les femmes trans ou des femmes sans statut de résidentes.  

Quelles données seront traitées par l’office ?
Nous devons connaitre les éléments suivants : La Convention d’Istanbul est-elle mise en pratique ? Quelles mesures ont été mises en place par l’État, les Länder et les communes et sont-elles efficaces ? Les tribunaux prennent-ils en compte la violence domestique dans les décisions concernant la garde des enfants ou le droit de visite lors des divorces ? Toutes les femmes ont-elles vraiment un accès aux refuges pour femmes, même si, par exemple, elles vivent à la campagne ou si elles ont un enfant handicapé ? L’office utilisera les résultats pour émettre des recommandations pour la politique et l’administration afin que des programmes contre les violences sexistes puissent être élaborés de manière efficace. Parce que pour faire de la bonne politique, il faut de bonnes données.  

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Beate Rudolf est depuis 2010 Directrice de l’Institut allemande des droits humains. La juriste était en outre jusqu’en 2019 Présidente de la Global Alliance of National Human Rights Institutions (GANHRI), l’Alliance mondiale des institutions nationales des droits humains. 

© www.deutschland.de 

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