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Pourquoi la démocratie et les droits de l’homme sont les deux côtés d’une même médaille

Les droits de l’homme garantissent le respect des intérêts de l’individu, même s’il n’appartient pas à la majorité.

Mehrdad Payandeh, 03.12.2019
Demonstration
© dpa

Au premier abord, les droits de l’homme et la démocratie semblent entretenir des rapports contradictoires presque insolubles : alors que les droits de l’homme accordent des droits aux individus, aux groupes et aux minorités que ceux-ci peuvent faire valoir face à la majorité, la démocratie implique le règne de la majorité. Les libertés et les droits individuels peuvent-ils donc être restreints au nom de la démocratie, en se fondant sur la souveraineté du peuple ? Les tribunaux qui remettent en question  les décisions parlementaires prises à la majorité en se référant aux droits de l’homme et à la protection des minorités sont -ils « non démocratiques » ? Cette faÇon de jouer la démocratie contre les droits de l’homme, la majorité contre la minorité - comme cela est le cas dans les régimes autoritaires, étant parfois préconisé  sous le label de démocratie illibérale - ignore que la protection des droits de l’homme n’est pas un obstacle mais représente bien une condition au fonctionnement d’une démocratie stable. Les droits de l’homme sont le gage d’élections libres et équitables dans des conditions d’égalité politique. Les droits de l’homme garantissent une communication ouverte et un processus de libre formation des opinions. Les droits de l’homme garantissent la mise en place de décisions prises démocratiquement et concourent à l’efficacité du régime démocratique. En limitant le pouvoir de la majorité, les droits de l’homme permettent aux individus et aux minorités d’accepter les décisions d’une majorité démocratiquement légitimée et de s’en accommoder. La démocratie offre à la minorité la perspective de devenir la majorité. Les droits de l’homme assurent à l’individu que ses intérêts seront préservés même s’il ne fait pas partie de la majorité. Tout comme les droits de l’homme s’épanouissent le mieux dans une démocratie, une démocratie stable sans le respect, la protection et la mise en œuvre des droits de l’homme est impensable. Les droits de l’homme et la démocratie ne sont pas antagonistes mais bien les conditions réciproques pour qu’une communauté politique réussisse. Dans leur action combinée, ils permettent à l’individu de mener une vie auto-déterminée, au niveau tant individuel que collectif. La protection et la mise en œuvre des droits de l’homme forment donc un projet authentiquement démocratique.

Ce spécialiste du droit public international enseigne à la Bucerius Law School à Hambourg, La protection des droits de l’homme, le droit du maintien de la paix et le droit des Nations unies (ONU) sont les grands axes de son travail. En 2019, le Professeur Mehrdad Payandeh a été élu au Comité d’élimination de toute forme de discrimination raciale, le CERD. Depuis 2002, ce juriste est le premier expert allemand dans cet organe de contrôle important, mis en place par l’ONU. 

© www.deutschland.de

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