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Défendre et protéger la démocratie

En temps de crise, l’éducation peut être un « game changer ». La directrice de l’Université ukrainienne libre, Maria Pryshlak, explique pourquoi.

Maren van Treel, 11.08.2022
La professeure Maria Pryshlak, directrice de l’Université ukrainienne libre
La professeure Maria Pryshlak, directrice de l’Université ukrainienne libre

L’Université ukrainienne libre (UFU) existe depuis plus de 100 ans. Son siège se trouve à Munich depuis 1945. Sa directrice, la professeure Maria Pryshlak, explique comment l’UFU aborde la guerre en Ukraine et pourquoi l‘éducation est si précieuse actuellement.

Q Quel est l’impact de la guerre en Ukraine sur l’université ?
La guerre a détruit toute trace de normalité à l’UFU. Le déroulement habituel de la vie universitaire avait déjà été perturbé par la pandémie mais la guerre l’a annihilé. Notre semestre d’hiver a été interrompu car nos enseignants et nos étudiants en Ukraine passaient une grande partie de leurs journées dans des abris. Plusieurs d’entre eux se sont immédiatement inscrits dans les unités de défense territoriale. Certains de nos étudiants à Munich sont rentrés en Ukraine pour entrer dans l’armée. L’administration a aussitôt entamé la difficile évacuation des étudiants et des enseignants – du moins de ceux qui pouvaient quitter le pays. Pour d’autres, nous avons essayé d’évacuer leurs familles.

La partie analogique de la bibliothèque.
La partie analogique de la bibliothèque. © picture alliance/dpa

Comment l‘UFU aide-t-elle les réfugiés ukrainiens ?
Notre université soutient leur processus d’intégration et donne le informations nécessaires pour obtenir le soutien des agences pour l‘emploi et des services sociaux. Nous avons lancé un programme pédagogique et psychologique pour aider les mères et les enfants à surmonter le traumatisme de la fuite. Nous avons en outre ouvert un centre d’accueil qui propose aux réfugiés des informations juridiques ainsi que des conseils sur le droit du travail et un soutien au niveau psychologique et social.

Et que peut faire l‘UFU pour ses étudiants et ses enseignants ?
L’administration a assumé des tâches d’aide aux réfugiés et d’aide humanitaire pour l’Ukraine. Elle a ainsi organisé des ambulances, des médicaments, de la nourriture et des vêtements. Pendant des mois, nous ne nous sommes plus penchés sur les questions d‘éducation mais nous sommes occupés d’aide humanitaire. Aujourd’hui, l’université travaille en parallèle, d’une part dans l’aide aux réfugiés et à l’Ukraine et, d’autre part, à la formation des étudiants. L’université propose aux étudiants et enseignants qui sont arrivés à Munich avec peu de choses des vêtements et des ordinateurs afin qu’ils puissent travailler correctement.

Mais ce n’est qu’une partie de l’aide. Nous soutenons aussi nos étudiants dans la recherche d’un logement, nous proposons des bourses, des cours d’allemand, du coaching professionnel et une prise en charge psychologique pour les personnes traumatisées.

L’idée à la base de l‘UFU est d’offrir aux étudiants la possibilité de faire des études « sur la base de valeurs occidentaux ». Quel rôle joue cette idée en ces temps difficiles ?
Si, quand nous parlons de valeurs occidentales, nous pensons à la liberté, à la justice, aux droits humains et à la responsabilité citoyenne – toutes fondant la démocratie –, promouvoir les valeurs occidentales est alors d’une immense importance, aujourd’hui comme demain. L’éducation est un moyen de permettre à des citoyens informés et engagés de protéger et de défendre la démocratie.

Les étudiants sont les meilleurs gardiens et protecteurs de la démocratie.
La professeure Maria Pryshlak, directrice de l’Université ukrainienne libre

La guerre entre l’Ukraine et la Russie est une guerre entre la liberté, les droits humains et la démocratie d’un côté et l’impérialisme russe, l’autocratie, le mépris de la liberté, des droits humains et de la souveraineté des nations de l’autre. La façon dont le gouvernement russe, avec les moyens de la désinformation, favorise la division sociale en Europe et soutient des groupes extrémistes pour aggraver les dysfonctionnements, semer la division et exacerber la discorde, est bien documentée.

Comment l’éducation peut-elle contrer cette désinformation ?
En inculquant un esprit critique aux gens qui pensent alors en toute indépendance et développent le sens des responsabilités et des devoirs des citoyens. Ils sont plus difficiles à tromper avec de fausses informations, ne développent pas d’instinct grégaire ni n’écoutent des slogans vides ou faux. Les gens ayant une telle disposition sont les meilleurs gardiens et protecteurs de la démocratie, ils décèlent toutes les tentatives de saper les valeurs démocratiques. Ils protègent nos précieuses libertés.

L’UFU à Munich.
L’UFU à Munich. © picture alliance/dpa

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